Benjamin Klein @ Centre Space (Toronto): Glider Shifter Bender

6 - 20 Octobre 2018

Pierre-François Ouellette art contemporain est heureux de présenter la première exposition personnelle de Benjamin Klein. Ces nouvelles peintures élargissent le langage visuel et la nature philosophique de la pratique de Klein dans la continuité de ce qu’écrivait John Bentley Mays au sujet de sa série précédente:

« L’exposition [de Benjamin Klein] se prononce en faveur d’un autre avenir pour l’art visuel, qui se nourrirait de récits, de poésie, d’une vision ou d’une réflexion philosophique, d’émotions et d’expériences sensuelles vécues à même le corps.[…] Les nouvelles toiles de l’artiste sont fortes, intelligentes, et empreintes d’urgence. L’imagerie qui les compose est fascinante, provocatrice et allusive […]. Le projet artistique lui-même est à la fois humain et sage. Le travail de Klein invite et recommande amplement de porter un sérieux et délibéré, un qui « s’arrêterait en vol » pour « noter les jeux de miroirs et les résonances sans se précipiter à tirer des conclusions. » 

John Bentley Mays, « À propos des oeuvres de Benjamin Klein» dans Benjamin Klein: Generator, Centre des arts visuels Galerie McClure, Montréal, 2014, p.15

Comme l'écrit l'artiste :

[...] Dans la production plus récente, les dislocations d'espace et de perspective sont devenues plus prononcées; la galerie de personnages, plus vaste et plus allusive, et l'atmosphère, plus animiste et surnaturelle. Précédemment, le travail présentait une volonté de correspondre à une représentation à tout le moins potentielle de notre monde, mais il est désormais devenu autre chose. Libre de représenter un écosystème onirique, magique, ma peinture est devenue une image de la représentation elle-même - qui peut ou pas être une forme philosophique de réalité, au plein sens du terme. Je traite de la notion de l'au-delà ou du monde des esprits; non pas de l'au-delà qui existe (si il existe), tel que nous l'imaginons selon une perspective culturelle ou personnelle. Plus précisément, je travaille avec des métaphores de l'au-delà. Dans la mesure où il y a une véritable différence entre métaphore et réalité, je peins un lieu où l'esprit ou l'âme, qui peuvent d'ailleurs eux-mêmes être perçus comme métaphores, sont les figures qui véhiculent le fondement de ma peinture.

Je souhaite saisir - non pas capturer, mais bel et bien saisir - le moment et le lieu où la réalité et la fiction se défont et se combinent, où la réalité et l'irréalité deviennent un, où les règles sont contournées et finissent par être brisées - un paysage qui génère une impression étrange que le regardeur est à la fois là et y a auparavant été - bien que, de façon réaliste, ce lieu ou événement ne soit pas possible. Les personnages que je représente sont comme les peintures qu'elles habitent - les peintures elles-mêmes sont les personnages principaux, et les éléments représentés peuvent être vus comme des figures, avec les arbres, les fleurs et les nuages tout aussi « vivants » que les tortues, les vaches ou les lapins. La peinture entière fonctionne comme un « œil » qui observe métaphoriquement le regardeur, à l'instar du regardeur qui contemple littéralement la peinture, un peu comme le personnage dramatique qui perce le quatrième mur et s'adresse directement à l'auditoire. La faune que je représente (et dans les faits invente) ne ressemble en rien aux créatures du monde véritable. Certaines figures sont suffisamment semblables à une « tortue » ou à une « vache » pour se faire appeler par ces noms, mais c'est nommer (dans le sens ontologique), en soi, qui est mis en lumière par mon acte de représentation. Le statut d'identités et de réalités beaucoup moins certaines et connaissables change constamment dans une atmosphère de fragments dramatiques et de relations (entre les personnages) chargées. [...]

- BK

La galerie tient à remercier la SODEC pour son soutien.

Benjamin Klein est né à Chicago et a grandi à Montréal. Les peintures de paysages de Klein dépeignent un monde nocturne coloré, ombragé et ambigu, aux proportions et à la matérialité incertaines. Se déplaçant constamment dans des dimensions psychologiques aussi bien que physiques, son monde est peuplé de personnages anthropomorphes, animaliers, qui interagissent et se métamorphosent en scènes fragmentées, chargées de potentiel sémiotique et symbolique. Il est titulaire d'un baccalauréat en arts plastiques de l'Université Concordia et d'une maîtrise en beaux-arts de l'Université de Guelph. En 2010, il a été finaliste au Concours national de peinture de RBC. Il a exposé partout au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Allemagne.