Leila Zelli : Résidence

14 Mars - 25 Avril 2026
«Des Iraniennes d’aujourd’hui, telles des éclairs ou des glitchs, par des gestes acrobatiques et sportifs dans les rues de l’Iran, perturbent et transforment le paysage d’une société iranienne traditionnelle en mouvement, créant ainsi une nouvelle forme de résistance au quotidien. Leurs armes sont leurs téléphones portables, qui captent et diffusent ces actions sur les réseaux sociaux, générant de nouvelles représentations et de nouvelles significations du courage et de la force au quotidien.
 
Depuis mon intervention sur la porte coulissante de la galerie Pierre-François Ouellette art contemporain lors de l’exposition Un chant peut traverser l’océan (2023), les Femmes-oiseaux se sont multipliées et ont pris différentes formes : vidéos, dessins, transferts d’image. Cette volonté d’ouvrir la réflexion, presque de manière compulsive, et de donner corps aux gestes de résistance des femmes afin de les immortaliser m’a poussée à entamer mon tout premier projet sculptural, créé dans un va-et-vient entre l’environnement numérique et le monde physique. J’ai ainsi travaillé à partir de modèles 3D complexes, issus d’un amalgame d’expérimentations avec la pâte à modeler, de scans 3D de mes mains et de mon visage, ainsi que de compositions inspirées de scènes d’amazonomachie.
Présentes dans Chaque rue raconte l’histoire d’une femme qui n’a pas eu peur (2025), conçu avec l’assistance de Jean-Philippe Thibault à la réalisation, qui a également assuré la conception sonore, les silhouettes de femmes et les écrans qui surgissent ici et là, parmi les formes sculptées d’une frise d’amazonomachie antique, mettent en lumière les luttes intemporelles des femmes pour la liberté. À travers des fragments sonores tirés de documents d’analystes et d’historien·ne·s spécialistes des Amazones, provenant de podcasts de France Culture, on apprend que certaines représentations antiques des Amazones ont été interprétées comme figurant les Perses face aux Grecs : celles et ceux qui, à l’époque, étaient désignés comme les Autres; les ennemis, les barbares, les faibles. La juxtaposition du présent et du passé, cette rencontre entre les figures antiques et les Iraniennes d’aujourd’hui, se retrouve également au cœur de plusieurs dessins. L’ensemble des œuvres interroge ainsi la complexité des identités imaginées, entre mythes et réalités.
 
Cette exposition constitue une fenêtre ouverte sur un travail en cours : une recherche en évolution, en réflexion et en transformation, menée sur plusieurs fronts. Ce parcours a été soutenu par le Conseil des arts du Canada et le Conseil des arts et des lettres du Québec, ainsi que par l’assistance technique de Jean-François Gauthier, André Girard et Maxime Bruneau, que je remercie chaleureusement. » - LZ