CENSURE ET AUTO CENSURE

JE MANGE MA LANGUE

Ce projet sur la censure et l'autocensure, consiste en une série de notations persanes sur la nourriture :  il s'agit de mélanger des éléments de gastronomie avec des expressions linguistiques en insérant l'écriture dans la nourriture. Dès lors, Je mange ma langue devient à travers l'action de manger celle d'effacer, d'autocensurer et de censurer.

 

Si la parole prend la forme d'une ouverture, d'un don, d'une extraction de soi, manger est au contraire le mouvement d'un retour à soi, d'une compression, d'une disparition dans la chair. Différentes cultures ou croyances associent par des rituels ces deux éléments où l'acte d'avaler les mots est porteur de pouvoir. 

 

Je mange ma langue, en faisant disparaître les mots avec la nourriture, provoque une autocensure. Si le public me rejoint à cette table, cela symbolise non plus l'autocensure mais la censure alors que les autres mangeront ma culture étrangère, dans la même foulée de la colonisation qui censure et dévore les identités. 

 

TAPIS PERSAN 

«Par soif de connaissance, j'ai toujours été une lectrice et une collectionneuse de textes censurés. Même si je n'ai pas toujours l'occasion de les relire, je les garde comme des objets précieux. 

 

Tapis persan met en lumière la violence inhérente à l'acte de censure. Les textes persans censurés extraits de mes lectures sont devenus un médium pour créer des œuvres. Je fragilise ces papiers de la même manière que la censure et l'autocensure fragilisent la création de l'artiste. En découpant plusieurs bandes de textes pour les tisser, je transforme ces écritures en tapis. Que ce soit des textes politiques écrits par une tierce personne pour signaler la censure ou mes propres journaux qui dévoilent l'autocensure, cette œuvre symbolique interroge la liberté d'expression. Dans ce processus, nous passons d'un objet sacré à un autre : du livre au tapis persan de grande valeur, fragile et précieux, installé au mur pour afficher sa rareté. Mon œuvre est installée de la même manière.

 

L'intention n'est ni de choquer ni de provoquer mais bien de proposer une vision à partir de laquelle peut s'instaurer un dialogue sur la censure et l'autocensure dans l'œuvre, sujet glissant ici au Canada sous prétexte d'un dialogue consensuel qui s'impose souvent dès lors la manifestation d'un mécontentement public.» - SB

 

L'artiste remercie le Conseil des arts de l'Ontario et la Ville d'Ottawa de leur appui.