Dil Hildebrand: Peepshow

9 Septembre - 16 Octobre 2010

Peepshow

« Ceci est un processus du regard qui invite le regardeur à devenir ‘‘producteur optique’’ aussi bien que spectateur, créant de la sorte un théâtre de contemplation pour l’acte de regarder et la mécanique de la représentation. Ce drame interactif met en scène ce qui est essentiel à tout art pictural radical; non pas la formulation d’emblèmes iconiques statiques qui ‘‘illustrent’’ des idées, mais plutôt la reconnaissance active… au yeux de l’esprit, durant la contemplation de l’art pictural, de nos propres expériences comparatives de la complexité visuelle de la vie quotidienne. » 

- Ian Wallace, Corner of the Studio (1993) and El Taller (1993):  A Description and Reflection Upon Two Recent Works

Pierre-François Ouellette art contemporain (PFOAC) a le plaisir de présenter Peepshow, la plus récente exposition personnelle de peintures et de dessins de Dil Hildebrand.  Pour sa troisième exposition personnelle à la galerie PFOAC, Hildebrand a choisi de méditer sur le thème de l’atelier d’artiste. Il en résulte un dialogue entre les forces opposées d’espace et de surface propres à la peinture. Typiques de l’approche de cet artiste, une variété de références convergent dans ces nouvelles œuvres : le cinéma, le théâtre, la peinture d’histoire et la photographie documentaire y sont tous sciemment évoqués et explorés, révélant leurs influences respectives dans l’ensemble de l’exposition.

Peepshow est une sorte de labyrinthe de miroirs, déformant l’atelier de l’artiste et le reflétant, de manière absurde, en tant qu’alter ego de la galerie. Séduisante et profonde, cette nouvelle suite de peintures nous invite à pénétrer dans l’univers d’un artiste désormais absent, nous invite à songer à notre propre relation à la production artistique qui y est présentée. Hildebrand nous offre un voile de couleur au travers duquel nous contemplons ce décor intime; nous devenons des observateurs passifs se tenant au seuil… d’un monde. Bien que les peintures révèlent aisément la « transparence » de leurs surfaces, ce thème, ou ce dispositif, semble plutôt démontrer la véritable imperméabilité des toiles; derrière leurs rideaux de couleurs flamboyantes, les peintures attisent, mais refusent de refléter. En somme, Peepshow peut être envisagée comme une contemplation des relations esthétiques, techniques et hiérarchiques existant entre la peinture, le dessin et la photographie. L’assignation de l’image photographique à l’arrière-plan crée une impression d’inversion de la figure et du fond. Dans ce drame pictural, la peinture d’avant-plan ne joue plus son rôle familier de fond, mais est propulsée en avant-scène, où elle incarne son propre rôle, en tant que figure scénique.

Dans une nouvelle série de dessins au fusain, Hildebrand adopte une approche différente pour sonder l’espace-atelier. Bénéficiant d’un éclairage dramatique et cadrés en mode LetterBox, ces dessins délicats sont des aperçus tranquilles de coins obscurs d’un espace de travail, un peu comme s’ils avaient été glanés d’un film noir imaginaire. Bien que donnant l’impression d’avoir été créés à partir de photographies, ils ont en fait été réalisés d’après nature et sont éclairés par l’imaginaire de l’artiste. L’on envisage d’ailleurs sans peine à quel point cet imaginaire est devenu filmique, vu la fidélité « photographique » des œuvres.

Dil Hildebrand est né en 1974 à Winnipeg, Canada. Il est titulaire, depuis 2008, d’une maîtrise en beaux-arts de l’Université Concordia, Montréal. En 2006, il a remporté le prix du Concours de peintures canadiennes RBC, et a depuis participé à plusieurs expositions au Canada, aux Etats-Unis et à l’étranger. En Octobre 2010, il présentera des œuvres inédites à la 4e Biennale internationale d’art de Pékin, en Chine. Son travail sera également présenté à l’occasion d’une exposition personnelle à YYZ Artists' Outlet, à Toronto, à l’automne 2011. Dil Hildebrand vit et travaille à Montréal.

L’artiste souhaite remercier le Conseil des Arts du Canada et le Conseil des arts et des lettres du Québec.